Avouez que les émotions est un sujet qui vous intéresse énormément en psychologie! Aujourd’hui je partage avec vous l’approche d’une professeur de l’Université Grenoble Alpes sur les émotions. Je vous présente du coup son livre.
Résumé
La nature de l’émotion est profondément sociale, comme en attestent ses principales manifestations, les expressions faciales et les échanges émotionnels, mais aussi les observations interculturelles. Cet ouvrage présente une synthèse des différentes approches de la psychologie scientifique des émotions de façon à permettre au lecteur de faire le tour des principaux centres d’intérêts de la recherche sur les émotions, tant au niveau théorique qu’au niveau de la communication émotionnelle.
Cet ouvrage se veut un outil de travail auquel le lecteur intéressé par les émotions et par l’expression émotionnelle pourra se référer, qu’il soit étudiant (licence et master), enseignant ou chercheur, en sciences humaines et sociales, en psychologie, en sociologie, en anthropologie, en linguistique, en communication…
Écrit par Anna Tcherkassof (professeur à l’Université Grenoble Alpes en licence psychologie), Édition de 2008, 144 pages.
Chronique du livre Les émotions et leurs expressions
Aujourd’hui on va parler d’un livre qu’on voit en licence de psychologie à l’Université Grenoble Alpes la première année de licence si je me rappelle bien. C’est un livre qui apporte un point de vue sur les émotions en psychologie qui a une approche universitaire et j’insiste sur ce point.
Ce livre n’est pas fait pour tout le monde et est plus orienté à l’usage des professeurs et des étudiants.
Relativement rapide à lire mais toujours simple à tout capter, Anna Tcherkassof est professeur à l’université et elle explique vraiment bien les choses durant ces cours en présentiel.
Le livre est avant tout université et est parfois complexe à comprendre.
Le contenu du livre
- Une approche psychologique des émotions
- La recherche de compréhension des émotions
- Une mise en évidence d’une potentielle corrélation entre émotion et langage
- L’importance du contexte culturel pour comprendre les émotions
Le livre se verra compliqué si vous n’êtes pas étudiant et que vous n’avez jamais lu de livres de ce genre. Il ne se veut pas pragmatique avec une approche à tester comme on peut voir dans les thérapies cognitives et comportementales mais explicatif.
Je tiens à préciser que cet article croise des connaissances entre la lecture ici présente, la programmation neurolinguistique, l’hypnose et les thérapies cognitives et comportementales mais toute fois sans énormément développer.
Une difficulté à définir les émotions
On démarre avec une première partie qui met en évidence la difficulté d’expliquer clairement ce qu’est une émotion. Grâce à notre vécu, on sait à peu près tous ce à quoi correspond le mot émotion comme une expérience subjective qui peut correspondre à un état interne.
La difficulté de l’explication réside dans les différences culturelles de l’approche du mot émotion. En effet on ne peut expliquer ce mot que parce qu’il existe dans notre langage mais quand est il chez les peuples démunis d’un tel mot?
Les émotions et le langage
A. Tcherkassof met en évidence qu’il existe un lien étroit entre le champ lexical présent en rapport avec l’émotion et notre capacité à ressentir des émotions. Elle explique qu’au Japon il existe une émotion particulière qui correspondrait à un ressenti d’amitié et d’amour (bref une relation particulière avec une personne) qui n’a pas sa correspondance dans notre culture occidentale. En tant qu’européen nous serions alors dans l’incapacité à ressentir cette émotion qui est normale pour un japonnais.
Elle renchérit en citant un peuple qui vit dans des régions froides qui est doté d’approximativement 20 mots différents pour décrire la neige. Ce peuple est donc capable de percevoir 20 neiges différentes dans la mesure où cette perception est vitale pour eux.
Dans notre pays il n’est pas pertinent d’avoir autant de mots pour la neige car notre survie n’en dépend pas.
On voit bien qu’il y a un lien entre notre richesse du champ lexical et notre capacité à percevoir.
On perçoit avec notre langage?
Un exemple hors du livre (à vérifier) qu’il existe un peuple amérindien doté d’un seul mot pour désigner 3 couleurs différentes. Par exemple un mot pour désigner le bleu, le turquoise et le vert (à vérifier). La question est la suivante, sont ils capables de distinguer ces couleurs là comme nous?
J’apporte mon point de vu en soutien à celui de A . Tcherkassof qui est: Je pense que le langage est un moyen de catégoriser nos expériences. Donc de ranger nos expériences sensorielles (ce qu’on voit, entend, ressent, sent, etc…) derrière un mot.
Un autre exemple de corrélation entre émotion et langage est le cas du mot ifaluk en Micronésie. Un mot qui désigne à la fois la colère et la tristesse.
Comment les émotions arrivent?
Les émotions naissent en rapport avec un jugement ou une attente d’un évènement. En effet il y a émotion dans différents contextes:
- Les choses qu’on pensait arriver ne se produisent pas
- Les évènements qu’on ne pensait pas vivre se produisent
En clair les émotions naissent d’un décalage entre notre imagination (notre attente) et la réalité.
Elles sont aussi du à une interprétation de la situation. Parfois il nous arrive d’être surpris d’avoir des compliments. On ressent aussi énormément de tristesse après la perte d’un être cher. On interprète le contexte de manière inconsciente et on ressent.
Les émotions et la culture
Comme nous l’avons vu plus haut il existe un lien entre le langage et les émotions. La culture a donc une place importante dans la définition de l’émotion et tous ce qui s’en suit.
- Les croyances et les valeurs autour des émotions
- Les display rules (les règles pour exprimer ses émotions)
- La régulation
- L’éthos (les règles sociales)
La culture et le langage régulent les émotions. Lorsqu’on parle de la culture cela peut être la culture de la société de manière générale mais aussi la culture familiale. Certaines familles vont développer une culture très spécifique autour de l’émotion, comme l’exprimer pleinement ou la contenir.
Les display rules
C’est un terme pour définir les règles qui encadrent les expressions des émotions dans une culture. Ces règles varient et changent selon les pays. Certains pays accordent plus de valeur au fait d’exprimer ce qu’on ressent et mettent plus en avant certaines émotions. D’autres peuples peuvent au contraire avoir des règles très strictes sur l’expression des émotions.
Par exemple l’auteur explique qu’au Japon les mères ne montrent pas la colère devant leurs enfants et enseignent de manière inconsciente. Cette émotion en particulière est jugée de manière négative et n’est pas à montrer en public.
Le milieu culturel est très important dans l’expression des émotions et on retrouve aussi par exemple la distance de communication. Un travail effectué par Hall sur la distance de nos corps lorsqu’on communique. Les pays du sud par exemple sont plus enclins à communiquer par le touché.
La culture définit aussi les valeurs et les croyances autour des émotions. La définition de tristesse par exemple peut varier d’une ethnie à l’autre.
Un regard ethnocentrique
Les émotions étant composés de signaux physiques, (gorge serrée, les yeux mouillés, le rythme cardiaque élevé, etc) ceux ci ne sont pas interprétés de la même façon selon les pays.
En gros avec notre point de vu occidental, on peut parfois mettre des mots sur certains critères visibles chez une personne alors qu’elle vit une émotion complètement différente de ce qu’on pensait. Voir même qu’on emploi un mot pour définir ce que la personne vit et que ce même mot n’existe pas dans le langage de la personne.
Les display rules sont les règles qui posent un cadre pour définir comment on doit exprimer nos émotions. Ces règles varient d’un pays à l’autre et même d’un genre à l’autre.
Les émotions et le genre
Dans notre culture, les display rules sont différentes selon le genre. En effet certaines émotions sont mieux perçues lorsqu’elles sont exprimées par des femmes que par des hommes. La culture a tendance à attribuer une valeur féminine ou masculine à une émotion. Ces différences sont marquées par la culture, les valeurs, l’éducation mais aussi par les médias.
Les femmes seraient plus enclines à ressentir de la tristesse et de l’empathie dans notre culture.
Les hommes seraient d’avantage mis en valeur lorsqu’ils expriment des émotions précises, comme la détermination et la non expressivité de certaines émotions comme la tristesse.
Ces display rules sont transmises de façon inconsciente par notre éducation (le cadre familial, la culture, l’école) mais aussi par les médias (publicité, films, etc).
Encore une fois, les display rules du genre sont générés au fur et à mesure de notre vie avec l’éducation.
La représentation des émotions
Outre le fait qu’il y a la façon de ressentir une émotion, il y a aussi la représentation de cette émotion. La représentation joue un rôle dominant puisque c’est avec elle qu’on va juger si une émotion est bonne ou mauvaise. En France la colère peut être exprimé dans certaines conditions. Mais dans d’autres pays comme c’est le cas du peuple des Esquimaux (en particulier les Utkas), la colère est complètement absente de leur représentation des émotions. Ils ne ressentent donc pas de colère. Ils vont même trouver étrange et néfaste pour eux un individu étranger qui va la ressentir.
La représentation de l’émotion va aussi engendrer notre réaction lorsqu’on va la ressentir. Là je vous renvois aux thérapies cognitives et comportementales avec une description des émotions. En TCC on peut être amené à identifier une émotion sur différent critères:
- Négative
- Positive
Puis ensuite mettre le mot saine ou malsaine. Par exemple la tristesse est une émotion négative qui peut être saine si la réaction est constructive. La colère sera malsaine si elle engendre des comportements destructeurs.
Les représentations des émotions prennent en compte les croyances et les valeurs autour d’elles.
Les émotions de base
En ce qui concerne les émotions de bases, on retrouvera les suivantes:
- La joie
- Le dégoût
- La colère
- La peur
- La tristesse
- La surprise
Pour reprendre ensuite les techniques de TCC, pour bien définir une émotion il peut être intéressant de trouver des synonymes. Par exemple la tristesse peut être plus précisément de l’inquiétude.
J’ai utilisé des techniques de TCC et on voit vraiment le lien entre langage et émotion. Lorsqu’on commence à enrichir notre vocabulaire des émotions, on porte plus d’attention à ce qu’on ressent. On catégorise mieux et on peut donc réagir différemment.
Et oui il n’y a pas que le langage au niveau du peuple et du pays qui rentre en compte mais aussi le langage personnel. Pour enrichir votre langage des émotions, j’ai mis à disposition des petits exercices dans cet article sur Comment gérer ses émotions.
La rôle des émotions
Les émotions sont au cœur de nos communications et cette fonction est très importante. Communiquer ses émotions c’est les extérioriser et les transmettre. Transmettre une émotion ressentie sur le plan oral permet d’affiner la représentation de l’émotion. La communication des émotions jouent un rôle de régulation.
On voit donc que la première fonction est de communiquer et de transmettre des messages sur ce qu’on vit. Le partage des émotions est une activité centrale chez l’être humain. La communication des émotions peut aussi jouer un rôle social pour créer de la faveur pour plaire. Ou encore pour créer du recul, tous dépend de nos buts.
Les émotions ont aussi une fonction centrale dans la motivation et le passage à l’action ou plus précisément la tendance à l’action. Puisque nous ressentons des émotions, celles ci sont enclines à soit nous repousser de certains contextes ou au contraire nous rapprocher de situations.
Les émotions ont une fonction importante dans la tendance à l’action en ce qui concerne le rapprochement ou l’évitement d’une situation.
L’approche cognitive et comportementale
L’émotion permet aussi une adaptation à l’environnement pour nous faire réagir. La peur par exemple va créer une tendance à l’action avec par exemple les 3 F.
- Fight (le combat)
- Flight (fuite)
- Freeze (paralysie)
Ce sont des tendances à l’action provoquées par des excès de paniques comme les troubles paniques.
Ressentir et exprimer une émotion
Lorsqu’on ressent une émotion on est enclin à l’exprimer. Par exemple lorsqu’on est heureux on sourit. La question est la suivante alors:
- Exprimer une émotion permet il de ressentir l’émotion en question?
D’après les recherches mises en avant par Anna Tcherkassof, la réponse est oui. Exprimer une émotion qui n’est pas tout de suite ressentie peut provoquer la réaction de l’émotion. On voit qu’il y a un conditionnement aussi bien classique qu’opérant.
Exprimer et ressentir forment des rétroactions. En clair, ressentir une émotion pousse à l’exprimer et vice versa.
Vous est il déjà arrivé d’imaginer une interaction avec une personne et vous surprendre de ressentir une émotion alors que l’échange n’a eu lieu qu’en imaginaire? …
Personnellement j’aimerai après cela apporter ma sauce avec l’approche PNL avec la congruence. Cette notion désigne l’accord qu’il existe entre ce qu’on exprime verbalement et ce que le corps exprime. En clair plus vous l’accord entre ces deux notions sont bonnes mieux c’est.
L’idée de congruence c’est aussi croire à ce qu’on ressent. Si vous souhaitez exprimer du bien être alors que vous ne le ressentez pas, cela va se voir sur votre corps. Vous faites alors une incongruence.
Je reparlerai des incongruences et congruences. Je pense que cette notion est au cœur du changement chez l’être humain.
Fin
L’article se termine ici, j’espère qu’il vous a plus. Ce livre est une lecture qui peut potentiellement être présente durant les cours de psychologie à l’Université Grenoble Alpes. Vous pouvez retrouver le livre juste en dessous.