La balade en bateau…

Alors pour celles et ceux qui ne savent pas ce que c’est je vais donner quelques exemples concrets.

Quand je fais du sport je fais des séries d’exercices et entre mes séries je mets un minuteur de 1 minute de repos puis je poursuis sur la série suivante.

Sauf que…

Parfois bah j’ai la flemme en vrai… Alors je tourne en rond dans ma chambre à boire de l’eau (ouai c’est important en sport). Et du coup je ne recommence pas tout de suite le sport. Je range ma chambre ou je trouve d’autres petits trucs à faire au lieu de me mettre au travail.

Même les petits savent nous mener en bateau. Une amie praticienne en hypnose m’a raconté ça à propos de son petit fils : Il se couche: 5 min. plus tard – je vais faire pipi… on retourne sous la couette: 5 min. plus tard – j’a soif… Il se couche: 5 min. plus tard – J’ai oublié de mettre le cahier dans mon cartable… Il se couche: 5 min. plus tard – j’ai oublié de te faire un 2e bisous… etc…

Cela peut être cette partie de nous qui se dit « non je vais pas sortir tout de suite de ma zone de confort, j’ai besoin encore de connaissances théoriques ». Cette partie nous évite de prendre des risques.

Alors bien sûr, vois ici de simples exemples et ce n’est pas une généralisation et la « sensation d’être ou de se faire balader » dépend des situations et des personnes qu’on a en face de nous.

On va voir :

  • A quoi ça sert de se balader
  • Nos besoins au cœur du problème
  • Comment observer ce phénomène ?
  • Comment revenir sur le chemin d’origine ?
  • La partie qui balade s’inscrit dans un processus plus complexe

A quoi ça sert de se balader ?

Quand on se balade on le fait inconsciemment et on se raconte des histoires sur nous même. Et c’est ok car c’est un processus normal. Tout le monde le fait, moi y compris.

se balader en bateau hypnose
Tu viens on va se balader…

Se balader a une fonction vraiment important pour toute notre personnalité. C’est une partie de nous qui cherche à répondre à des besoins. Elle nous protège et elle agit comme un gardien en quelque sorte.

C’est une partie de nous qui est saine et qui est importante !

Elle permet :

  • D’éviter des situations désagréables
  • Faire le moins d’efforts possibles…
  • Cacher des émotions qu’on a pas forcément envie de traverser sur le moment
  • Nous protéger
  • Créer de la sécurité
  • Cacher une émotion
  • S’éclipser quand c’est inconfortable
  • Éviter de sortir de sa zone de confort
  • Protéger du regard des autres
  • Etc…

Cette partie nous révèle tous ce qu’il y a de plus humain chez nous. C’est important de le prendre en compte et de ne pas l’ignorer.

Elle permet de répondre à des besoins importants sur le moment pour nous pour qu’on se sente le mieux possible (pas toujours de la meilleur façon). Mais basé sur nos ressources accessibles sur le moment.

Se balader est un jeu psychologique dans lequel on joue avec soi même et avec les autres. On ne le fait pas consciemment et c’est un processus qui entre en jeu dans des mécanismes beaucoup plus complexes dans notre façon de fonctionner.

On peut le voir comme un régulateur de notre vie sociale et émotionnelle.

C’est une sorte de boussole inconsciente qui va permettre d’éviter d’aller en eaux troubles.

En IFS pour les gens qui connaissent on parle du manager qui est une partie de nous. Si tu veux aller plus loin sur le sujet, je te laisse aller voir ça.

Se balader c’est comme mettre un masque pour tenter de montrer une partie de nous sous son meilleur jour. Sois parfait, sois fort, sois irréprochable…

En vain… Et c’est ok d’avoir d’avoir cette partie là.

Nos besoins au cœur du problème…

La partie qui nous balade cherche à répondre à un besoin. Elle le fait pour notre bien avant tout.

Cette partie répond à nos besoins en s’appuyant sur des ressources et des processus qu’elle a appris à un moment donné de notre histoire.

C’est pour cela que c’est ok et la façon dont on va SE balader ou balader les autres inconsciemment raconte beaucoup de choses sur nous ainsi que le rapport et la relation qu’on entretient avec nous même mais aussi avec les autres.

A partir de là c’est se poser plusieurs questions et être curieux à propos de cette partie qui nous balade. Cela permet d’en apprendre beaucoup sur notre façon de fonctionner.

  • Qu’est ce que je cherche à fuir ? A éviter ?
  • C’est quoi le truc que je cherche à éviter ?
  • Qu’est ce que je risque à ne plus me balader ?
  • Ce comportement / partie, elle évite quoi ?
  • En quoi c’est un problème de se balader ?

En trouvant des réponses on va surement aller au cœur du problème. C’est faire de cette partie que l’on voit parfois comme un ennemi, une amie et un allié de grande valeur.

Alors le risque de le faire seul c’est de se balader encore tous seul soi même vu qu’on en a rarement conscience.

Je pense que l’idée est de trouver et de prendre conscience des besoins auxquels on ne répond pas.

Pour aller en eau trouble j’ai surement besoin de beaucoup de choses. Un bon navire solide et un équipage courageux parce qu’on va aller dans des océans qu’on ne connait pas. Et l’inconnu représente souvent le risque. Même s’il peut susciter la curiosité de l’exploration.

Quand on se balade on vit un conflit intérieur. Comme une partie de nous qui veut prendre du plaisir et une autre partie de nous qui culpabilise sur la façon dont on prend du plaisir.

La question magique : De quoi j’ai besoin pour éviter de me mener en bateau ?

Je pense que le plus important est d’avoir un profond respect pour cette partie qui nous balade parce qu’elle nous veut du bien.

Même si c’est souvent parce que cette partie nous balade qu’on maintient notre problème. Elle a une bonne raison de le faire.

On peut se demander aussi : c’est quoi l’enjeu de la situation où l’on sent qu’on se balade ?

Quand je fais du sport j’ai en quelque sorte 2 parties (si ce n’est plus en jeu). Une partie qui veut faire du sport et une partie qui a besoin de se reposer et ne rien faire.

Alors la partie qui veut faire du sport s’y met parfois au bon moment. Et parfois à d’autres moment, ma partie qui veut prendre soin de moi me balade en me faisant ranger un peu la chambre, changer de musique, boire de l’eau.

En attendant la partie sportive ne s’est pas remise au boulot.

Cela peut être intéressant d’établir un dialogue entre les 2 parties pour résoudre le conflit.

On pourrait même voir une 3eme partie, celle qui prend soin de mon corps et qui ne veut pas forcer comme un bourrin pour me ménager.

C’est là que les praticiens en hypnose peuvent faire appel à la négociation entre parties. Alors bien sûr ça demande d’abord de connaitre la théorie des parties.

En fait, une situation où l’on est en train de se balader ou de se faire balader donne une excellente indication sur la situation. Il y a un enjeu important et en ce moment il se passe quelque chose !

C’est un indicateur important à prendre en compte en tant que praticien en accompagnement.

Comment observer ce phénomène ?

Se faire balader consciemment est une chose, se faire balader à notre insu en est une autre.

C’est un phénomène qui demande de l’observation et du calibrage. Je commence tout juste à comprendre ce phénomène et je le trouve fascinant.

Tu peux l’observer chez les autres mais aussi chez toi. D’ailleurs je pense que commencer par l’observer chez soi permet d’en apprendre beaucoup sur notre rapport aux situations qu’on évite inconsciemment.

Encore hier j’observais que je me dirigeais automatiquement dans ma chambre parce que je voulais éviter un événement qui se passait dans la maison.

Je suis ok avec le fait qu’une partie me balade et l’observer peut m’aider à mieux me gérer par la suite.

L’autre jour alors que je m’entrainais avec une autre praticien dans mon super groupe de praticiens, j’ai pris conscience que la personne commençait à se balader. C’est ok j’ai laissé faire pour voir où elle m’emmenait.

Qu’est ce que c’est exactement « balader en bateau » ? C’est répondre à côté, faire complètement autre chose que la tâche d’origine ou encore « noyer le poisson ».

se balader en bateau hypnose

Par exemple la partie qui te balade peut être cette partie de toi qui s’est dite « allez on va lire l’article de nat » et puis finalement la partie t’embarque à faire défiler l’actualité de Facebook…

Alors c’est ok et je dis pas que je ne dois pas remettre en question mes compétences d’écriture non plus hein… 😅

J’ai repéré quelques questions qui peuvent t’aider à mieux cerner ce « baladage »… En prenant bien en compte qu’on peut l’observer sur soi mais aussi sur les autres.

  • Est ce que la personne donne l’impression d’éviter quelque chose ?
  • Qu’est ce que ça me permet d’éviter ?
  • La personne donne t elle la sensation de répondre à côté d’une question ?
  • La réponse de la personne a t elle un rapport avec ma question initiale ?
  • Ce que je fais maintenant a t il un rapport avec la tâche que je me suis attribué au début ?
  • La personne donne t elle l’impression de nous balader, nous mener par le bout du nez, noyer le poisson, raconter une histoire sans rapport avec le sujet d’origine ?
  • Le comportement observé donne t il l’impression d’éviter ou de fuir quelque chose ?
  • La personne donne t elle l’impression d’éviter une émotion ?
  • Est ce que j’ai envie de croire à ce que la personne me raconte ?

Dans un premier temps c’est SE poser la question pour apprendre à l’observer.

On peut aussi voir s’il y a des incohérences dans ce qui est dit.

Toutes les réponses sont des phénomènes utiles pour la personne. La question est en quoi c’est utile ?

Le fait de toujours SE raconter la même histoire à soi et aux autres est une façon de maintenir le problème. Là où l’hypnose peut être utile est d’amener la personne à se raconter une version différente voir plus honnête à propos d’elle même.

L’idée est de faire un changement de perspective de façon à créer de nouveaux choix par rapport à une même situation.

Si tu travailles avec une personne en face de toi, attention bien évidemment à la qualité de ton rapport. Faire remarquer trop vite brusquement que t’as l’impression d’être mené en bateau risque d’affecter la qualité du rapport.

Et attention bien sûr à ne pas chercher absolument à valider l’hypothèse que la personne nous balade.

Comment revenir sur le chemin d’origine ?

Se balader c’est finalement se perdre par rapport à un chemin. J’aime bien la métaphore décrite par un praticien (tu me corriges si je me trompes 😁).

C’est comme si je me baladais avec un enfant de 10 ans sur un chemin et il commence à partir dans les champs. Moi je le rattrape par la main en disant « on avait pas dit qu’on allait par là !? » ➡️

Pour éviter la balade en barque, il existe une infinité de possibilités. L’idée est de voir ça comme un entonnoir en partant du global (du vague) pour aller au spécifique, au précis.

Toujours en prenant soin de la qualité du rapport durant l’échange. On va pouvoir utiliser des questions avec le maximum de bienveillance possible !

Avant de commencer à resserrer, c’est d’abord observer qu’on se fait balader. L’accepter et être ok avec le fait de se faire balader. Ensuite on peut poser des questions :

  • Faire remarquer à la personne qu’elle ne répond pas à notre question
  • Reformuler notre question
  • Poser plusieurs fois la question
  • Il se passe quoi quand je te pose cette question ? (observer le non verbal)
  • Amener la personne à partager ce qu’elle vit pendant qu’elle tourne dans sa tête (pendant qu’elle met des filtres à ses futures réponses)

On a tous une tendance à être hypnotisé par l’histoire qu’on se raconte. Et c’est justement cette histoire là qui tourne en boucle dans notre tête qui parfois maintient le problème.

Rappelle toi plus haut comme je l’ai écrit : on se raconte des histoires pour se protéger. C’est important de prendre conscience que c’est normal et c’est ok. On le fait tous moi y compris.

La question : Comment on peut se raconter une histoire différente voir même plus honnête sur nous même de façon à ce que ça nous aide plutôt que ça limite ?

C’est tout l’enjeu de l’hypnose !

En tant qu’hypnotiseur, c’est aussi se poser la question : A quel point je suis prêt à aller en eau trouble avec la personne en face de moi ? A quel point je suis prêt à m’engager là où c’est pas cool pour la personne pour travailler autour de ça ?

Je discutais avec un autre praticien de Grenoble et on était d’accord sur un fait. Appuyer là où ça fait mal non pas pour enfoncer mais pour que ça change. Avec bienveillance et surtout un rapport de qualité et de confiance !

La partie qui balade s’inscrit dans un processus complexe

Là où j’apprends beaucoup à travers la théorie des parties et l’IFS c’est repérer non seulement la « résistance  » et la partie qui bloque mais toujours chercher à aller dans son sens.

Cela rejoint les idées dont je parlais déjà dans une vidéo à propos des résistances !

Comme je l’ai dit plus haut on va pouvoir à partir de cette position utiliser la négociation entre parties.

Questionner la partie qui tire dans un sens et qui se balade et questionner l’autre partie. Puis créer un terrain d’entente et surtout : Répondre aux besoins des 2 parties !

Le travail de toute une séance d’hypnose !

Conclusion

Voilà je pense avoir dit pas mal de choses sur ce processus très curieux. Je me demande si je ne me suis pas balader à écrire cet article ?

Dis moi en commentaire ce que tu en as pensé !

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