Intégral des articles d’Erickson Tome 2

Intégral des articles d’Erickson Tome 2

Aujourd’hui je vous parle d’un livre que je viens de lire  à savoir l’Intégral des articles d’Erickson Tome 2. Cet article est destiné aux praticiens en accompagnement qui veulent élargir leurs connaissances de l’hypnose ericksonienne.  Ainsi qu’à celles et ceux curieux d’en apprendre plus sur le sujet. Attention la barre est très haute. Amateurs d’hypnose merci de vous abstenir.

Une approche expérimentale

J’aime énormément lire Milton Erickson et en particulier des cas cliniques. Mais si vous connaissez l’homme à travers sa pratique de l’hypnose, vous allez être surpris de son côté scientifique dont on prend bien conscience à travers des protocoles expérimentaux sur l’hypnose.

En effet je suis surpris par son côté méticuleux lorsqu’il s’agit de mettre en place des protocoles d’expériences en laboratoire. Ce qui me surprend est le fait qu’il prenait déjà en compte et avait déjà conscience des biais cognitifs qui pouvaient fausser les résultats d’expériences de psychologie.

L’Intégral des Articles d’Erickson Tome 2 commence avec un ensemble d’expositions de protocoles d’expériences sur la cécité hypnotique et la surdité hypnotique.

En clair : comment la transe hypnotique peut entraîner une personne à être aveugle ou être sourde.

Honnêtement cette première partie est longue et j’étais plutôt inquiet quant à la suite du livre. Sachant qu’on ne lit pas tous les jours des pavés de plus de 400 pages sur l’hypnose clinique.

Fort heureusement la suite du livre va être des plus intéressantes ! Et franchement si vous êtes comme moi vous vous souvenez de ce sentiment incroyable lorsqu’on découvre les cas de Milton Erickson pour la première fois.

Vous retrouverez ce sentiment au bout de 150-200 pages de lecture.

Biais de complaisance

Si vous êtes débutant en hypnose vous avez intérêt à bien comprendre ce biais cognitif. Et encore plus si vous pratiquez l’hypnose de rue.

Le biais de complaisance décrit par Erickson (alors il n’utilise pas le mot biais mais on peut comprendre que c’en est un) est le fait qu’un sujet va répondre favorablement ou défavorablement à nos suggestions hypnotiques de façon volontaire en fonction de la situation.

Si vous êtes sujet d’hypnose durant un spectacle d’hypnose, vous pourriez (sous l’influence de la situation ou de l’autorité de l’hypnotiseur) répondre favorablement aux suggestions hypnotiques de l’hypnotiseur simplement pour lui faire plaisir.

Alors les phénomènes hypnotiques qui seraient mis en évidence par l’hypnotiseur ne seraient pas forcément vrai mais simulés.

On retrouve cet aspect là dans un livre de Jordan Vérot sur l’hypnose rapide.

A travers les ouvrages de Milton Erickson on retrouvera très souvent cette importance de vouloir faire la différence entre un véritable phénomène hypnotique et un phénomène simulé.

C’est surement pour cette raison qu’Erickson aura travaillé toute sa vie le plus souvent de façon indirecte.

Pour faire simple les véritables phénomènes hypnotiques ne seront presque jamais suggérés directement. Pourquoi ? Parce que si je suggère à mon sujet en hypnose de rue qu’il va oublier son prénom et que je finis par lui demander comment il s’appelle…. J’utilise un présupposé qui peut entraîner la réapparition soudaine du prénom. En plus de cela je m’expose à la possibilité que le sujet répondre favorablement ou défavorablement à la suggestion. Soit pour me nuire soit pour me faire plaisir en fonction de la situation.

C’est ça le biais de complaisance en hypnose. Un sujet peut affirmer ou nier la réussite d’une suggestion soit pour me nuire soit pour me faire plaisir volontairement.

Erickson va chercher à observer des phénomènes hypnotique de façon indirecte.

La réceptivité en hypnose

La notion de la réceptivité en hypnose est un élément très important. Souvent les sujets nous posent énormément de questions quant à leur capacité à aller en transe ou pas. Et Erickson va apporter une pièce du puzzle à propos de la question de la réceptivité.

Les enjeux sous-jacents à une séance d’hypnose chez un sujet influencent les effets et les phénomènes de la transe hypnotique. Un enjeu fort peut faciliter ou rendre plus difficile le fait d’aller en transe.

Milton Erickson a comparé 2 types de transes et a observé des effets fort intéressants. Il distingue la transe clinique (à but thérapeutique et dans l’intérêt du sujet) et la transe expérimentale (induite durant des protocoles d’expériences et dont l’intérêt est centré pour l’expérience et l’hypnotiseur).

En clair, l’enjeu d’une séance d’hypnose pour le sujet a des répercutions sur les effets possibles de la transe hypnotique. Une personne peut entrer plus facilement ou plus difficilement si l’enjeu porte sur des motivations personnelles.

Je l’ai moi même vécu en stage d’hypnose. L’enjeu que l’on met dans une séance d’hypnose influence notre capacité à entrer en transe. Une fois lors de ma participation à un stage j’avais tout le long de la semaine réalisé mes séances d’hypnose en tant que sujet sur des problématiques vraiment anodines. Puis à un moment donné avec une autre stagiaire je me suis autorisé à vivre une séance d’hypnose vraiment importante pour moi. Résultat ? Je suis allé beaucoup plus facilement en transe. Et surtout c’était la 3eme fois dans toute ma vie qu’un hypnotiseur arrivait à me mettre dans une transe vraiment profonde.

Les enjeux que vous mettez dans une séance d’hypnose peuvent entraîner une très forte réceptivité parce qu’il est important pour vous de changer. Ou bien une forte résistance parce que l’enjeu suscite des émotions très particulières.

L’hypnose pour modifier des phénomènes physiologiques

Là où le livre devient vraiment passionnant de la même manière que lorsqu’on lit Ma voix t’accompagnera est lorsque Erickson explique comment il a utilisé l’hypnose pour provoquer un mal de mer mais aussi pour modifier l’apparition et les symptômes de menstruations chez des sujets femmes.

Je trouve ça étonnant la façon dont on peut avoir un fort contrôle indirecte sur des phénomènes physiologiques comme l’apparition d’un mal de mer, les menstruations, le stress, etc… Et Erickson en cite bien d’autres…

« Ma pratique de la psychiatrie m’a appris que les gens sont capables de déplacer des sensations » Milton Erickson.

Et je dirais même que ma propre pratique de l’auto hypnose (nathanael) m’a aussi appris que l’on peut déplacer des sensations à travers notre corps. Aussi étrange et étonnant que cela parait. Il est possible de déplacer une sensation de stress de façon à la diffuser dans le corps plutôt que de la ressentir localisée à un seul endroit du corps où le stress est intense. En diffusant le stress à travers le corps grâce à l’hypnose, on modifie notre interprétation du stress. Et donc par la même occasion notre réaction vis à vis de celui ci.

Au passage pour ce genre de phénomènes j’utilise le bodyscan qui est un outil très puissant pour cela.

Comment faites vous la différence entre un état d’excitation et un état de stress ? Difficile n’est ce pas ? Pourquoi ? Parce que les symptômes corporels sont très proches, accélération du rythme cardiaque, augmentation de la transpiration, changement de rythme de la respiration, pic d’adrénaline, etc…

L’interprétation de ces signaux corporels va dépendre du contexte dans lequel on est. Il est clair que percevoir ces signaux à un moment où vous êtes sur le point de faire une conférence devant 100 personnes sera différent que de percevoir un ensemble similaires de signaux durant un moment intime avec votre partenaire.

La signification que l’on va attribuer à ces signaux va modifier la perception que l’on s’en fera et donc par la même occasion nos réactions. Et si vous étudiez l’hypnose ericksonienne depuis un moment, vous savez que le changement d’interprétation d’une situation est un recadrage. Et c’est justement ce qu’une séance d’hypnose est sensée faire.

Les attentes de l’hypnotiseur

Un fait intéressant décrit par Erickson à travers des expériences réalisées avec des étudiants. Les attentes que l’on a en tant qu’hypnotiseur vis à vis du sujet/volontaire influencent directement ou indirectement les phénomènes hypnotiques qui peuvent potentiellement apparaître chez le sujet.

En gros si je m’attends à ce que mon volontaire résiste à la transe, il y a plus de risques qu’il résiste. Phénomène plus connu sous le nom de biais de confirmation.

Le simple fait de vouloir observer un sujet en transe modifie indirectement la transe elle même.

Par expérience j’ai observé que les moments où j’observais des phénomènes vraiment étonnant chez mes sujets étaient lorsque je ne m’attendais à rien de particulier et que je me mettais dans un état d’une accueille totale et d’une ouverture d’esprit sur ce que le sujet peut vivre.

Et le plus étonnant est que la plupart du temps les sujets en hypnose entrent en transe naturellement sans notre intervention et vivent déjà des phénomènes hypnotiques sans s’en avoir suggérés.

La recherche en hypnose

Le livre se termine sur des explications portant sur la recherche en hypnose. Milton Erickson nous parlent des difficultés rencontrées et présentes lorsqu’il s’agit de mettre en évidence des phénomènes liés à l’hypnose. On y découvre un ensembles de propos sur la définition de l’hypnose et d’autres éléments.

Intégral des Articles d’Erickson Tome 2 Conclusion

Comme tous les autres livres sur Milton Erickson je prend toujours le même plaisir à le lire même s’il y a des passages ennuyeux. Les points les plus intéressants que je trouve chez Erickson sont sa réflexion sur l’hypnose et sa manière de mener des recherches.

Le fait qu’il avait déjà la notion des biais cognitifs est assez étonnant.

Il n’est pas du genre à apporter des réponses toutes faites. Au contraire il se pose beaucoup de questions sur l’hypnose. Et nous en laisse énormément à la fin de ses articles et c’est ce qui rend son travail passionnant.

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