L’art du changement

Résumé

L’École de Palo Alto, autour notamment de Grégory Bateson et de Paul Watzlawick, est aujourd’hui à l’origine d’un renouveau de la psychologie avec la pensée systémique, les thérapies stratégiques et, dans le courant de Milton Erickson, la « nouvelle hypnose ».

L’Art du Changement combine la connaissance de l’approche systémique et des relations interpersonnelles avec l’innovation et la solution stratégique des problèmes d’anxiété, de phobies et des troubles obsessionnels.

« Je crois, nous dit Paul Watzlawick, que ce livre est d’une importance fondamentale pour tous les professionnels des psychothérapies systémiques et Ericksoniennes, mais aussi pour tous ceux qui sont concernés par la compréhension et la résolution des problèmes humains car les stratégies que nous décrivons peuvent être appliquées non seulement aux psychothérapies, mais aussi et de façon plus générale aux situations interpersonnelles qui ne relèvent pas de la clinique. »

Par Giorgio Nardone et Paul Watzlawick, 1990, 219 pages.

Chronique du livre L’art du changement

Présentation

Aujourd’hui présentation d’un livre sur la thérapie stratégique et l’art du changement ou comment induire le changement. Un livre d’une pertinence incroyable dans lequel vous retrouvez beaucoup de techniques que l’on rencontre dans le travail de Milton Erickson ainsi que dans les thérapies cognitives et comportementales. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce dernier sujet je vous invite à aller ici >>> Les thérapies comportementales et cognitives pour les nuls

A travers ce livre nous verrons un grand lot d’approches au sein de la thérapie:

  • L’interaction entre pensée et action ainsi que les représentations
  • Les 3 types de problèmes rencontrés par les êtres humains
  • La structure d’une thérapie et ses étapes
  • La structure du problème rencontré
  • Le recadrage
  • Les prescriptions de comportements
  • 4 études de cas (je n’en parlerais pas mais elles sont de mon point de vu importantes à lire)

De manière générale, le livre explique la distinction entre thérapie traditionnelle et thérapie stratégique. Les auteurs parlent des divergences, de méthodologie et d’efficacité des types de thérapies. Il y a une discussion intéressante autour des approches théoriques ainsi que le domaine scientifique.

Pensées et actions

Lorsque l’on parle de changement, on peut rencontrer l’idée que pour que celui-ci soit possible on devrait commencer par changer notre perception ou notre manière de penser et s’en suit des longues périodes de ruminations et de masturbation intellectuelle qui n’aboutissent à aucun changement. On peut voir cela comme une résistance.

 

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La pensée

La pensée peut être synonyme de perception ou de représentation mentale ou encore de carte comme on peut le lire en programmation neurolinguistique. On pourra aussi parler de description, de tableau, de films, de scénarios, etc… Lorsque l’on veut commencer quelque chose de nouveau ou faire une action en particulier, on peut parfois commencer par se faire une représentation. C’était mon cas pour plusieurs choses, réviser mes cours et commencer à bosser les jambes en musculation. Je me faisais des films et je me voyais bosser comme un fou dans les deux domaines mais cela ne me faisait pas passer à l’action.

Cela m’a appris qu’il y a une différence fondamentale entre décrire une action et l’action réelle en soi.

L’action

L’action consiste à réaliser un comportement, c’est l’évènement lui même. C’est le réel, on pourrait aussi dire que c’est le territoire ou être sur le territoire..

L’interaction

Les auteurs expliquent que certains philosophes pensaient que l’action découle de la pensée et qu’il faut donc modifier sa pensée avant de pouvoir faire une action. Mais ce que l’on peut prendre en compte aussi c’est qu’il y a une interaction entre la pensée et l’action. L’action va influencer la pensée et vice versa. Piaget expliquait que les enfants construisent leur réalité à travers des actions concrètes. Si l’on prend l’image de la carte et du territoire, se renseigner sur comment on réalise une action ou un comportement avec certaines étapes consiste en gros à construire une carte. Se balader dans une forêt et emprunter différents chemins consiste à explorer le territoire c’est le concept d’expérience. Une personne qui a directement exploré le territoire saura beaucoup mieux comment se repérer et sa carte se construira au fur et mesure.

Les idées à retenir
  • On peut partir explorer un territoire avec une carte en mains, on pourra se repérer rapidement et on verra plus facilement les raccourcis
  • Mais on peut aussi aller directement dans la forêt et explorer le territoire par soi même, on saura largement mieux se repérer car on aura une expérience sensorielle vis à vis du territoire plus développée.

C’est un peu délicat à expliquer et je vais essayer de vous mettre des exemples:

Exemple 1

Je peux passer des heures à regarder des exercices et rechercher des informations pour se muscler les cuisses, mais je ne ferais que construire une carte. Ou je peux essayer des exercices et réellement prendre le temps de me muscler les cuisses, je découvrirais au fur et à mesure quel exercice est plus efficace que d’autres, je ferais une exploration du territoire en expérimentant.

Je pense que c’est le soucis des personnes qui veulent commencer la musculation, elles se font des films sur ce qu’elles vont faire mais ne font rien.

Exemple 2

Je peux passer des semaines à imaginer ce que cela donnerait si je bossais mes cours, je me ferais des films où je me verrais travailler comme un barge. Mais finalement je n’aurais toujours pas commencé à travailler.

Conclusion

Il y a une différence nette entre la représentation d’une action et l’action. « C’est plus facile à dire qu’à faire »… Bref si vous devez retenir une seule idée c’est « learning by doing ». Apprenez en faisant!

Agissez plutôt que penser (je suis mal placé pour dire ça…) et c’est encore plus puissant d’agir en étant ignorant car c’est là que vous apprendrez vraiment.

Les différentes problématiques humaines

Les auteurs parlent ensuite des différents problèmes humains, à savoir:

  • La relation qu’ils ont avec eux même, on peut aussi parler d’estime de soi ou perception de soi.
  • Leur relation avec le monde, comment ils perçoivent le monde, les choses, les croyances etc…
  • La relation du patient avec les autres

L’idée est que tous ces éléments forment un tout cohérent qui sont en interaction, si vous modifiez un des éléments vous modifiez les autres (approche systémique, et oui tout se rejoint). Le but du thérapeute est de trouver à quel endroit dans ce système la problématique du patient se trouve.

La structure d’une thérapie

La thérapie stratégique vise à supprimer le problème le plus rapidement possible à travers différentes techniques ainsi qu’à développer l’autonomie du patient pour éviter toute rechute. Plusieurs étapes dans la thérapie peuvent se distinguer:

  • La prise de contact et la mise en place d’une relation thérapeutique (ici les auteurs parleront de ce qu’on appelle la synchronisation en pnl).
  • La définition du problème en utilisant le langage du patient (ici on comprendra qu’il s’agit d’utiliser le méta-modèle dont vous pouvez avoir un aperçu dans La structure de la magie tome 1)
  • La définition d’objectif nommé Détermination d’objectifs, objectif définissable avec le méta-modèle également.
  • La mise en évidence de la structure du problème ainsi que la « solution tentée ». On comprendra que celle ci est la conséquence de ce qui semble être le problème. En étant seul, on peut la définir avec une fiche ABC des thérapies cognitives et comportementales. Cette solution tentée est perçue comme la seule chose réalisable par le patient pour calmer le symptôme mais est en réalité le comportement qui alimente la problématique.
  • La mise en place des stratégies de changements à savoir les prescriptions de comportements.
  • La conclusion du traitement pour renforcer le changement et éviter les rechutes.

On l’aura vite compris, une thérapie est très complexe et peut être très différente selon les cas rencontrés.

La structure du problème

Cette structure est clairement mise en évidence dans le livre sur les thérapies cognitives et comportementales (le lien est juste au dessus). Pour faire simple, la problématique est un cercle vicieux composé de plusieurs éléments qui forment un tout cohérent.

  • Un élément déclencheur (émotion, sensation, ressenti, à peu près n’importe quoi de sensoriel).
  • Une conséquence cognitive, ce que cela entraine comme pensées et émotions. Il peut y avoir la naissance d’une méta-émotion. C’est à dire une émotion ou un sentiment vis à vis d’un sentiment. Par exemple avoir peur d’une situation banale peut entrainer de la honte ou encore la peur de la peur.
  • Une conséquence comportementale ou ce que les auteurs nomment ici « la solution tentée » par le patient pour venir à bout du problème. C’est LA chose la plus importante et c’est LA qu’est réellement le problème.

Pour faire simple, c’est un ensemble où il y a une interaction entre les éléments.

Le recadrage

Le recadrage est un phénomène de régulation, c’est le nom qu’a été donné à un certain concept de changement. Il est difficile de le décrire car pour ma part c’est quelque chose que je peux ressentir. Le but du recadrage est de changer la perception qu’on a vis à vis de quelque chose comme un comportement ou une croyance. Tout changement pourrait se nommer recadrage. C’est l’idée que vous allez changer de paradigme, de manière de voir les choses, de point de vu. Le recadrage a pour but de changer la signification d’un évènement et non l’évènement lui même. Le recadrage est quelque chose de naturel, c’est le changement de croyance. C’est la réalisation d’une action encore jamais faite. C’est l’idée que vous avez peur de faire X, vous faites X et vous vous dites, finalement X était simple à réaliser. Le recadrage peut être réalisé par différentes manières:

  • Par un dialogue avec une personne en utilisant le méta-modèle, le but est de bousculer ou de déséquilibrer la pensée de l’autre.
  • En réalisant un comportement d’où la prescription de comportements en thérapie que l’on verra plus bas. Ou bien en vivant une expérience particulière.
  • En utilisant l’hypnose, par contre ici je sais pas comment cela se passe. Mais je vous tiendrais au courant si j’essaie un jour.

Le recadrage peut survenir à la suite d’une expérience courte de 2 min comme à la suite d’un ensemble d’expériences sur 1 ou 2 mois ou plus. Cela peut même arriver après des années. Si vous avez compris le concept de changement, vous connaissez alors la sensation de changement et c’est une grande ressource.

Quelques exemples
  • Lorsque vous êtes en mathématique devant un problème et que vous bloquez. Vous n’arrivez pas à comprendre et à un moment donné, vous avez un déclic et là vous comprenez tous. C’est l’idée que votre cerveau a toutes les informations qu’il a besoin mais ne sont pas organisées en un tableau lisible. On peut dire que c’est la formation d’une nouvelle gestalt à partir des différents éléments présents. Pour la gestalt, je vous renvois ici.

Les prescriptions de comportements

D’après ce que j’ai lu, à la fin de sa vie Erickson utilisait principalement la prescription de comportements pour créer le changement chez ses patients. Les auteurs du livre étudié ici mettent en évidence 3 types de prescriptions:

  • Comportement direct, le but est énoncé par le thérapeute. C’est le genre de changement conscient.
  • Indirect, le thérapeute utilise un comportement pour détourner son attention dans le but de créer un changement inconscient. Erickson en fait plusieurs dans le cas de Harold, un cas dont parle Jay Haley ici dans Un thérapeute hors du commun.
  • Paradoxal, celui ci est très intéressant et le plus surprenant. Le comportement doit comporter deux choses qui sont contradictoires dans le but de faire naitre une réponse du patient qui sera réellement la solution.

En effet le paradoxe est à l’origine de nombreux problèmes humains. D’abord il permet d’expliquer les incongruences entre différents messages émis par une personne. Puis d’après les recherches du groupe de Palo Alto de Gregory Bateson, le paradoxe pourrait entrainer des maladies très graves comme la schizophrénie. Bateson a compris que le paradoxe permet de créer des problèmes chez les êtres humains mais il permet aussi d’en corriger de nombreux.

Exemple de comportement paradoxale

Je cris que je l’ai lu dans La structure de la magie tome 2 sur les incongruences. Une femme est incapable de dire non aux gens car plus petite sa réponse non a été associée à la mort de son père.Le thérapeute réalise une prescription de comportement paradoxale alors qu’ils sont dans un groupe. Il demande à la femme de dire non à chaque personne présente dans le groupe. Bien évidemment, elle ne peut pas et répond au thérapeute qu’il lui est impossible de faire cela par un non… Le temps qu’elle se rende compte qu’elle vient tout juste de répondre paradoxalement au comportement prescrit par le thérapeute.

Le paradoxe a pour but de réaliser deux comportements opposés dont l’un sera la solution pour le patient.

Mon avis sur le livre

C’est un livre passionnant qui regorge de techniques thérapeutiques, je pense qu’il est destiné aux thérapeutes et aux étudiants. Après avoir lu un livre sur les thérapies cognitives et comportementales, je trouve qu’il y a certains points communs avec la thérapie stratégique. Je recommande ce livre si vous vous intéressez à la programmation neurolinguistique ou à l’hypnose.

Si vous souhaitez juste être soigné par ce genre d’intervention, ne lisez pas le livre.

Fin

Vous pouvez retrouver le livre ici sur Amazon.

Et retrouver d’avantages de commentaires ici.

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